003 – plot – atlas d’une particularité lausannoise

Curateur et scénographe de l’exposition Plot – Atlas d’une particularité lausannoise au Forum d’Architectures Lausanne – en collaboration avec Rui Filipe Pinto.

Photographies: Filip Dujardin.

PLOT, ATLAS D’UNE PARTICULARITÉ LAUSANNOISE

À la fin du xixe siècle, Lausanne est en plein essor démographique. La ville souffre cependant d’importants problèmes d’insalubrité liés à sa très forte densité et à ses constructions malsaines. Convoitant un cadre plus hygiénique et confortable, la bourgeoisie lausannoise se tourne alors vers un habitat plus bucolique, en lien avec la nature environnante, à l’extérieur des enceintes médiévales tout en restant proche de la ville pour les affaires. Pour répondre au coût supplémentaire qu’implique ce nouveau mode de vie, les maisons de maître évoluent : Les propriétaires habitent généralement au rez-de-chaussée de leurs maisons et louent un ou plusieurs des étages supérieurs afin d’en dégager une rente.

Alors naît ce nouveau type architectural dont le nom a varié selon les époques: la «maison à loyer», la «villa urbaine», la «villa locative», ou encore celle que nous appelons ici le «plot»; dénomination que nous utiliserons de façon générique pour désigner cette typologie. Celle- ci va connaître une très forte croissance dans les années 1900 et s’imposer comme le modèle architectural dominant du paysage lausannois.

Les premiers règlements lausannois sur la police des constructions arrivent après la propagation de la typologie et tentent de contrôler l’«excès d’indépendance des constructeurs», déjà bien engagé. Ces règlements vont néanmoins encourager, sur la majeure partie de la ville, la typologie du plot en prônant ses vertus hygiénistes et pittoresque; en effet l’ordre non contigu favorise le bon ensoleillement, le bon air et les échappées visuelles entre les masses. Les années 1930 marquent, à Lausanne, une seconde période de forte croissance urbaine. La typologie du plot évolue, l’immeuble comprend maintenant plusieurs appartements par étage, il n’est plus habité par son propriétaire et est construit dans un but uniquement spéculatif. La sur-ornementation du XIXe siècle laisse place à la sobriété et à l’épuration décrétée par le mouvement moderne.

Aujourd’hui, nous retrouvons ces plots dans tout Lausanne, ils caractérisent son urbanisme en lui offrant à la fois une spatialité ouverte et une relative urbanité et densité.

Pour l’exposition Plot, atlas d’une particularité lausannoise, nous avons sélectionné, sur les centaines de plots lausannois, huit bâtiments que nous jugeons représentatifs de ces deux principales périodes. Comme une suite de variations d’un même schéma, chaque pièce de la scénographie met en relation différentes caractéristiques des plots : la situation et la forme urbaine, l’organisation spatiale, l’atmosphère intérieure, le dessin des façades et l’expression extérieure.

Afin que l’expérience soit aussi spatiale, la scénographie de l’exposition reproduit, à l’échelle 1 : 1, le plan d’étage type du plot situé avenue d’Ouchy 26.

8 plots exposés:

I  1902 – E. Moachon
Av. Edouard Dapples 10

II   1904 – G. Chessex et C.-F. Chamorel-Garnier
Av. des Alpes 2b

III  1905 – C. Mauerhofer et A. van Dorsser
Av. d’Ouchy 26

IV  1906 – C. Mauerhofer et A. van Dorsser
Ch. de la Joliette 6

V  1933 – A. Guignet
Ch. de Grande-Rive 5

VI  1934 – H.-R. von der Mühll
Ch. de Chandolin 4

VII  1936 – P. Mayor
Av. de Riant-Mont 21

VIII  1938 – R. Méroni
Av. du Mont d’Or 53

Graphisme de l’exposition par Chris Gautschi.