009 – continuum

Concours pour l’école de design et haute école de couture de Sierre

en collaboration avec STUDIOLO et Médéric Gilgen 2021.

Continuum

En 1956, l’architecte Willy Eigenheer dessine un bâtiment pour la coopérative USEGO à Sierre. L’architecture exprime par elle-même les deux fonctions du bâtiment:

• un entrepôt industriel caractérisé par des sheds et un accès infrastructurel. L’entrepôt est dimensionné selon une trame régulière de 5,25m; sauf exception d’une trame de 6m qui permet aux véhicules de traverser le bâtiment.

• une partie administrative au dessin adroit et précis se pose délicatement sur l’entrepôt et offre, à l’ensemble, une entrée publique.
La forte horizontalité, la densité et le nombre limité de niveaux inscrivent parfaitement le bâtiment dans le paysage et dans le quartier. Les formes et les matériaux utilisés, le béton, l’Eternit et les briques de verre, caractérisent le patrimoine industriel du site qui borde les chemins de fer.

Le projet Continuum est conçut comme une extension du bâtiment existant qui met en valeur les caractéristiques essentielles du site. À l’instar de la performance de Stelarc, nous imaginons l’exten- sion du corps original comme un nouveau membre qui ouvre de nouvelles possibilités et capacités, la prothèse devient une amélioration.

schéma de transformation

Organisation

Charles Baudelaire écrivait « la modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable ». Une école d’art se doit d’avoir ces deux facettes. Une partie institutionnelle, solennelle, forte, qui l’inscrit dans la ville comme un objet immuable. Une partie « moderne », évolutive, façonnable, qui répond à toutes les exigences et besoins liés à la création. Cette dualité est déjà présente sur le site du bâtiment USEGO, la nappe de sheds est ainsi étendue pour accueillir les différents programmes liés à l’enseignement et, dans le bâtiment administratif, la médiathèque publique trouve place et conserve son entrée symbolique et indépendante, en plus d’un lien direct avec l’école.

Entrée principale
Vue depuis le train
Hall d’entrée
Réfectoire en double hauteur
Plan rez-inférieur
Plan Rez-supérieur
Plan premier étage
Coupe à travers l’entrée
Coupe à travers les ateliers et la cafétéria
Axonométrie structurelle

Seule la partie originelle du projet de 1956 est conservée; l’annexe créée plus tard est démolie. Selon un principe d’accumulation, usuel lors d’agrandissement de bâtiments industriels, des bâtiments s’ajoutent à l’existant. En respectant la trame structurelle, les nouveaux espaces se développent au nord et au sud de l’ancien entrepôt sur les mêmes deux étages et gagnent en verticalité aux extrémités marquant la dimension totale de l’école. 

L’accès infrastructurel du bâtiment est conservé et traverse deux grandes portes industrielles exprimant l’entrée de l’école de chaque côté. Entre ces portes se trouve l’agora, le hall principal de l’école sur une double hauteur qui lie les deux principaux étages en un même espace.

Si en Grèce antique, l’agora était l’espace public de rassemblement social et mercantile et en même temps le rendez-vous où l’on se promenait, où l’on apprenait les nouvelles, où se formaient les courants d’opinion, on peut espérer que ce lieu ait la même fonction pour l’école. 

Cet espace conserve tout de même sa fonction historique d’infrastructure pour la nouvelle école, où pourront circuler les livraisons, des foodtrucks, voire des défilés. 

En plus de cela, c’est un lieu qui invitera les étudiants à en prendre possession, à aménager et exploiter de toutes les façons que leur imagination le permettra; ils pourront alors réaliser des créations qu’une école traditionnelle ne permet pas. Cette dynamique est rendue possible par un système d’échafaudage, qui donne à cette rue la possibilité d’être modifiée et adaptée en fonction des besoins et de l’ingéniosité des élèves. Comme une sorte de filet jaune, son application sur les façades existantes, donne un aspect théâtral mais aussi l’informalité nécessaire à un espace qui doit être démocratique et appropriable. Les possibilités illimitées ouvrent la voie à de nouveaux types de performances, comme l’a déjà prouvé le Teatro Oficina de Lina Bo Bardi dans le passé. Avoir ce lieu à disposition offre une nouvelle façon de développer leur travail; comme la Turbine Hall de la Tate Modern a permis la création d’oeuvre artistique d’un nouveau genre. Cet espace est une invitation à créer. 

Au centre de l’école, le réfectoire en double hauteur agit comme son coeur, qui irrigue et attire les flux d’étudiants. Dans cet espace, un escalier monumental dessert les trois principaux étages de l’école. De chaque côté, les salles de classe, de travaux pratiques et ateliers prennent place sous les sheds. Ça et là, la couverture des sheds se retire pour créer des grands patios qui amènent lumière et air au rez-inférieur. Au Nord-Est de la parcelle se trouve l’accès voiture pour le sous-sol où les collaborateurs trouveront le parking. Dans cette même partie du bâtiment se situent locaux administratifs accessibles directement par l’ascenseur. Les ateliers de Bachelor et Master sont des grands espaces modulables selon les besoins évolutifs de l’école. Par son emplacement, l’atelier de couture peut fonctionner indépendamment du reste et permet à un public spécifique d’y accéder directement. L’aula, dont l’accès est possible directement depuis l’extérieur, se situe côté sud du bâtiment sur la rue d’entrée, en totale autonomie. Aux quatre angles de l’école, quatre silos d’escaliers et ascenseurs en briques de verre viennent exprimés dans la ville les dimensions de la nouvelle école ; de nuit, ils agiront comme quatre phares.